« Exils juifs »
Recension de Parias de Marina Touilliez et des Juifs de Belleville de Benjamin Schlevin par Sylvain Boulouque dans Chroniques Noir & Rouge.
L’ exil ou l’installation des Juifs en France a pris différentes formes selon les époques. Plusieurs ouvrages reviennent sur les communautés ou des individualités venues y chercher asile. Quelques ouvrages de styles différents y reviennent : roman, autobiographie, travail de recherche.
Le roman de Benjamin Schlevin constitue la première approche. Ce livre plusieurs fois édité dans des versions tronquées est aujourd’hui publié dans son intégralité. Né en Biélorussie en 1913, Benjamin Schlevin arrive à Paris en 1934, il publie très tôt des récits en yiddish. Il s’installe à Belleville où il devient Parisien d’adoption. Il travaille comme linotypiste à la Naïe Presse jusqu’en 1939, date à laquelle il s’engage dans l’armée. Par chance, il est fait prisonnier et passe la guerre dans un stalag. À son retour, il reprend sa place dans les organisa tions proches du PC jusqu’en 1952 quand il s’éloigne du PCF lors de son alignement sur la campagne anticosmopolite en URSS. Il continue à publier des romans en yiddish jusqu’à sa mort en 1981. Son récit évoque le quartier parisien où vit une importante communauté juive sous la forme d’un roman-enquête commençant au lendemain de la Première Guerre mondiale pour s’achever à la Libération. Belleville est alors un quartier pauvre à l’habitat vétuste accueillant les migrants d’Europe, c’est avec les contreforts de Montmartre et lequartier du Pletzl, l’un des lieux de la sociabilité juive au XX e siècle. Il décrit son arrivée après Varsovie et Berlin à la « Gar di Nor », où les petits patrons juifs recrutent pour les ateliers. Le héros est piqueur de cuir. Très vite, il est possible de se constituer un maigre pécule et de penser à faire venir sa famille, ses copains. Belleville est un lieu de rencontre, l’auteur aime à en décrire les ruelles, les échanges entre les passants (...).
Pour lire la suite : www.editionsnoiretrouge.com