25/03/25

« "Élargir l’horizon" contre le "totalitarisme de l’inconsistance" »

Recension de L'insistant désir de voir s'élargir l'horizon d'Annie Le Brun par Lephénix dans Agora Vox.

« J’ai écrit seulement pour savoir où j’allais » confesse Annie Le Brun (1942-2024). Celle qui a inlassablement cherché des « traces de vie insoumise » contre le « totalitarisme de l’inconsistance » a tenté de crever tous les faux plafonds pour s’accorder l’horizon. Pour elle, la poésie, langue commune à l’espèce parlante, est « l’unique manière de penser qui ne cesse d’élargir l’horizon, l’ultime boussole dans l’obscurité qui nous cerne ». Alors, elle a écrit pour « ne rien céder sur l’infini qui nous habite ».

Annie Le Brun avait donné des entretiens à différents périodiques dont Brasero et Le Matricule des anges, recueillis par les éditions l’échappée. Elle rappelle ne s’être « jamais prise pour un écrivain ni de n’avoir jamais projeté de faire oeuvre  ».

Simplement, elle a cherché le dire juste contre les opérateurs d’un devenir-machine dans un monde globalisé et ultraconnecté en proie à sa délirante dystopie de « barbarie fonctionnelle ». Comme elle a tenté de dire le juste et de déchosifier la langue contre cette barbarie dissolvante qui ne souffre aucune réplique. Elle a tenté de viser juste contre ceux qui livrent leur sale guerre à « tout ce dont l’on ne peut pas extraire de la valeur ».

Elle n’aura eu de cesse de lancer l’alerte contre cette guerre insidieuse, livrée sans avoir jamais été déclarée, à « ce qui n’a pas de prix » - à l’inévaluable, à l’inaccaparable que le « capital technologique » évacue de sa « réalité numériquement modifiée ».

Celui-ci prétend nous vendre des «  idées sans corps et des corps sans idées » par le déversement exponentiel d’images via sa tuyauterie algorithmique. Mais qui a vraiment conscience de cette « violence inédite qui traverse l’image », dans le mouvement perpétuel de pompe aspirante et refoulante des flux usinés dans l’instantanéité numérique de la Mégamachine ?

La voix de l’insoumission s’est éteinte le 29 juillet dernier en Croatie. Jusqu’à son dernier souffle, elle a serré son coeur et ses lignes de vie à haute tension sur le trésor de l’inaccaparé. Elle n’aura cessé d’opposer à l’insoutenable, à l’irrespirable « encore et toujours, l’insistant désir de voir s’élargir l’horizon » - de fait, elle se l’est accordé « en toute dissonance » dans le compagnonnage des chercheurs de vérités de l’existence humaine et autres trouvères de « la Bouche d’ombre » de Hugo (1802-1885) (...).

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