21/12/23

« Agapes parisiennes »

Recension des Brasseries parisiennes de l'avant-siècle (1870-1914) de Gilles Picq par Denis Cosnard dans Le Monde des Livres.

Le menu de Noël servi chez Voisin en 1870 laisse rêveur : tête d’âne farcie, consommé d’éléphant, chameau rôti, sans oublier le « chat flanqué de rats ». Au 99e jour du siège de Paris, le restaurant parisien n’hésite pas à s’approvisionner à la ménagerie du Jardin des plantes pour servir un semblant de viande… Paris est un palimpseste. Ce roboratif annuaire des brasseries et autres restaurants parisiens entre 1870 et 1914 le prouve. Chaque enseigne a laissé des traces : des menus comme celui de Voisin, des faits divers relatés par la presse, des livres, des poèmes, des tableaux.
Cette période fut « la plus bouillonnante en matière de réunions de cénacles artistiques et littéraires », note Gilles Picq. Les hommes se retrouvaient alors pour les dîners du lundi chez Magny avec Sainte-Beuve, Théophile Gautier et les Goncourt, les « dîners Rigobert » au Noël Peter’s, les rendez-vous des Argonautes au Zimmer, place du Châtelet… Sans être exhaustif, et malgré l’absence d’index, le précieux travail de Gilles Picq permet de replonger dans cette effervescence, et de découvrir les histoires oubliées de chaque lieu. Au Divan japonais (l’actuel Divan du monde) se déroula par exemple le premier spectacle de strip-tease jamais vu à Paris. Quant au cabaret Le Néant, son tenancier priait chaque soir un client de se coucher au fond d’un cercueil placé au milieu de la salle. Bon appétit (...).

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