« Trous noirs »
Renaud Garcia, auteur du Désert de la critique, est l'invité de l'émission "Trous noirs" sur Radio libertaire.
Le « post-modernisme » fait fureur dans certains milieux intellectuels et militants. Sous l'influence des sciences sociales américaines, les « déconstructeurs » s'attachent à rendre visibles sous chaque idée ou comportement les multiples dominations, car dans ce monde où le pouvoir est partout, « personne n'est innocent ». L'anthropologue anarchiste David Graeber a dénoncé cette posture, qui ne prend pas en compte les luttes, passées et actuelles, contre l'exploitation et l'aliénation dans la société capitaliste : « on reste dans la perspective que le pouvoir est l'ingrédient de base de toute chose, qu'il n'existe aucune échappatoire à un système totalisant ».
Dans ce monde désertique, il n'existe plus de valeurs universelles. Chaque individu peut cumuler plusieurs discriminations (noir, homosexuel, âgé…), que l'« intersectionnalité » est chargée de relier tant bien que mal. Isolé dans la multitude, il doit se bricoler une identité « floue », liée à la façon dont il se perçoit lui-même.
Le camp « décolonial » avec notamment les « indigènes de la République », utilise les concepts de « racisation », « blanchité », « fragilité blanche », et affirme la permanence en chaque blanc de l'être colonial, notion essentialiste. Descartes est à mettre aux oubliettes, car « la maîtrise de la logique est un privilège blanc »...
Dénonçant l'émergence de ces théories, qui séduisent notamment les gauches « radicales », Renaud Garcia, philosophe de tradition anarchiste, avait publié il y a six ans Le désert de la critique – Déconstruction et politique, qui avait eu un écho important, notamment chez les « déconstructeurs » de tous bords, qui l'ont compris comme une menace.
Constatant la présence grandissante de ces « nouveaux chiens de garde de la post-pensée », l'ouvrage est aujourd'hui disponible en édition de poche, complété par une préface de 60 pages.
Pour échanger avec l'auteur, sont présents dans notre studio :
Freddy Gomez ; qui en a fait une recension très favorable dans le site À Contretemps,
Nedjib Sidi Moussa, dont le livre La fabrique du musulman – Essai sur la confessionnalisation et la racialisation de la question sociale est cité plusieurs fois dans la préface,
Patrick, dont les textes sur la « robocratie » rejoignent la dénonciation par Renaud Garcia du « parti technologique ».
Pour écouter l'émission : www.trousnoirs-radio-libertaire.org/trous_noirs/accueil.php