« Paris opium : plongée dans les volutes d’un monde disparu »
Recension de Paris Opium d'Éric Walbecq par Jean-Jacques Bedu dans Mare Nostrum.
Paris, à la Belle Époque. Un tourbillon de création artistique, d’innovation technologique et de bouillonnement social. Mais derrière la façade resplendissante de la capitale, se tapit un monde plus obscur, celui des plaisirs interdits, des marges et des paradis artificiels. C’est dans ce contexte ambigu que s’inscrit l’ouvrage d’Éric Walbecq, Paris opium, publié aux Éditions l’Échappée, une exploration captivante de l’histoire méconnue des fumeries d’opium parisiennes.
Les volutes de l'oubli dans la Ville Lumière
Au-delà de la simple reconstitution historique, l’ouvrage nous plonge au cœur d’un univers fascinant et trouble, où se mêlent des personnages hauts en couleur, des lieux mythiques et une ambiance empreinte à la fois de raffinement et de cette décadence fin de siècle qui nous a donné tant de génies littéraires. L’auteur choisit de centrer son propos sur la réédition de l’ouvrage témoignage de Delphi Fabrice, L’opium à Paris (1907), qu’il restitue intégralement, et propose une lecture enrichie d’extraits de presse, de littérature et de chansons, restituant la complexité d’une époque et d’un phénomène à l’intersection de problématiques sociales, culturelles et littéraires.
Les illustrations de Paris opium dépassent également le simple accompagnement du texte : elles plongent le lecteur dans un Paris clandestin et envoûtant, où chaque image agit comme une fenêtre sur les mystères d’une époque fascinée par les paradis artificiels. Ces images – photos, gravures, affiches – évoquent avec précision l’intensité des salons enfumés et des fumeries secrètes. L’auteur et l’éditeur – dont on ne peut que saluer l’extrême qualité de l’ouvrage – font de chaque illustration un écho visuel puissant, enrichissant le texte d’une atmosphère palpable qui nous immerge dans les excès et l’esthétique d’un Paris disparu.
Paris opium se distingue ainsi par son approche pluridisciplinaire, convoquant l’histoire, la sociologie, la littérature afin de brosser un tableau aussi complet que possible de ce phénomène social à la fois si singulier et envoutant. En remettant en lumière ce pan méconnu de l’histoire de la capitale, l’ouvrage invite à une réflexion sur nos propres conceptions des paradis artificiels et sur notre rapport ambivalent à la transgression (...).
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