05/02/24

« Parce que nous ne sommes pas des numéros ! »

Recension de Brasero n°3 par Jean-Claude Leroy dans Lundimatin.

L’atmosphère de diversion qui régente les sociétés par le biais de puissantes médiations marchandes ou institutionnelles, faisant naître des intérêts qui n’en sont pas vraiment, ne cesse d’opérer l’endormissement des populations captives, sinon hagardes. Rien de plus facile que de constater l’aimantation des regards par les vitrines ou les écrans ; le goût du lointain qui n’est plus guère que l’occultation du palpable ; le basculement des distances, comme ces voyages qui n’en sont plus ; tout semble contribuer à l’objectivation de soi et des autres. Perte sensible, fascination pour les personnages creux et autres sortes de leurres. On en oublierait à quel point les individus que nous sommes sont riches de leur vie et de leur caractère propre, combien la société humaine est diverse et passionnante par elle-même.

À travers les personnages singuliers et méconnus que nous présente la revue Brasero, on saisit l’occasion de se rappeler qu’une vie collective est possible et qu’elle tire sa force d’un foisonnement de fortes individualités, lesquelles ne manquent certes pas, il suffit de regarder, d’écouter : les immeubles HLM comme les villages retirés regorgent de personnalités passionnantes qui méritent une attention voulue, une reconnaissance, un encouragement. Par effet d’humanité.
Individualités, mais aussi, par suite, si le courant a loisir de circuler, mouvements, groupes, communautés qui tout autant résonnent et actionnent les jours et les nuits parmi les plus amicaux, les plus amicales.
Loin d’être un recueil de « curiosités », cet ensemble recouvre une mosaïque qui ne fait que souligner la dynamique des époques ; au cœur des heurts sociaux, quels qu’ils soient, heureux ou malheureux, toutes les saisons sont fertiles de leurs idées, lumineuses ou ténébreuses, de leurs audaces et intensités, et fleurissent de couleurs que de rares regards rétrospectifs compileront par la suite, en des temps où viendra se garer la mémoire de certains.
Prenons, dans le désordre, quelques exemples au sein des 200 pages qui nourrissent ce numéro, où l’on ne compte pas moins de 25 articles stimulants autant qu’étonnants, le plus souvent (...).

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