06/12/23

« Il lisait, il écrivait »

Recension d'Une Rage de lire de Thierry Maricourt par Jean-Luc Porquet dans Le Canard enchaîné.

L'impressionnant, c'est ce répertoire que commence à tenir Michel Ragon (1924-2020) dès ses 14 ans. Il note et numérote les titres des livres qu'il lit. Lui, le petit gars de peu, de rien, élevé à Fontenay-le-Comte, orphelin de père à 8 ans, dont la mère, au fort accent vendéen, fait des ménages. Tout ce qui lui tombe sous la main, il le lit.
Par exemple, en 1942 : n°467, "L'Adolescent", de Romain Rolland. Suivent "Ariel ou la Vie de Shelley", d'André Maurois, "Aphrodite" de Pierre Louÿs, "Athalie", de Racine, "Adolphe", de Benjamin Constant, "De l'Allemagne", de Madame de Staël... Des titres par centaines ! Dans le désordre. Il se forge un goût, un oeil.
Thierry Maricourt, qui l'a connu, côtoyé, interviewé, raconte ces années d'apprentissage. L'arrivée à Nantes après le certificat d'études. Les petits boulots de saute-ruisseau, de grouillot de préfecture... La découverte éblouie de la peinture. Et de l'anarchisme. Anar, Michel Ragon le sera toute sa vie, et il lui consacrera deux livres formidables, "La Voie libertaire" et "La Mémoire des vaincus".
Bientôt, il monte à Paris. La vache enragée. Dix ans bouquiniste sur les quais. L'amitié avec des peintres (Hartung, Soulages, etc.) et des écrivains (Henry Poulaille). Il sera critique d'art, romancier populaire ("Les Mouchoirs rouges de Cholet"), passionné d'architecture (une vingtaine d'ouvrages !), naviguera d'un milieu à l'autre, "j'en ai connu des équipages".
C'est sa vie qui fut riche, et haute, et droite, et belle : grâce aux livres (...).

Pour lire la suite : www.lecanardenchaine.fr

Thierry Maricourt