30/01/24

« "Avec Descartes et Galilée, la nature est devenue une machine susceptible de ne servir qu’à l’extractivisme" »

Entretien avec Michel Blay, auteur de L'Ordre du technique, par Kévin Boucaud-Victoire dans Marianne.

Philosophe et historien des sciences, directeur de recherche honoraire au CNRS, Michel Blay publie « L'Ordre du technique » (L'échappée), qui analyse la modification de notre perception de la nature, induite par la science moderne.

Dans son dernier ouvrage, Michel Blay tente de comprendre les racines idéologiques de la crise écologique que nous vivons actuellement. En se plongeant dans l'histoire des idées, le philosophe identifie un point de bascule important, au tournant des XVIe et XVIIe siècles. C'est, selon lui à ce moment que, sous les influences de Descartes et de Galilée, la pensée occidentale s'est mise à considérer la nature comme une somme de données quantifiables et un bien à faire fructifier, ce qui ouvre la voie à sa marchandisation et son exploitation à outrance. C'est alors que se met en place ce qu'il nomme « l'ordre du technique », c'est-à-dire une société où la technique remplace définitivement la nature, au détriment de notre liberté.

Marianne : Selon vous, une révolution s’opère avec Descartes et Galilée : la nature est considérée comme une machine. Pouvez-vous revenir dessus ?

Michel Blay : On peut dire qu’ils sont tous les deux un peu ingénieurs – plus Galilée que Descartes d’ailleurs. Avec eux s’impose l’idée que toute réflexion se résume à la résolution d’un certain nombre de problèmes. Pour résoudre ces problèmes, il faut considérer l’ensemble des phénomènes uniquement sur le mode de la forme et du mouvement. À partir de ce moment-là, on va évidemment considérer la nature comme (...).

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Michel Blay