Orages pour un autre rêve
Du tiers-mondisme à la gauche communiste, et au-delà
Américo Nunes
Conversations avec Yann Martin
Édition établie par Freddy Gomez
Du Mozambique de sa jeunesse, alors colonie portugaise, du Paris de son exil, d’Alger, alors « capitale des révolutions », où il se rend au lendemain de l’indépendance pour travailler à l’agence cubaine « Prensa Latina », Américo Nunes (1939-2024) garde des souvenirs précis de bonheurs vécus au quotidien, de l’espoir des temps, de rencontres – notamment avec un certain Guevara déjà mal vu par le castrisme institutionnel, mais en passe de devenir le mythique « Che ».
À son retour en France en 1965, il s’investit dans Pouvoir ouvrier, une scission de Socialisme ou barbarie qui le fait entrer de plain-pied dans la galaxie de la « gauche communiste ». Quand éclate Mai 68, il est de tous les combats, notamment celui du Comité d’action étudiants travailleurs de Censier, expérience radicale s’il en est, qu’il vit, en contrepoint de son « tiers-mondisme » de jeunesse, comme l’expression d’une utopie longtemps rêvée. Il est alors proche de la mouvance informelle de « La Vieille Taupe », qu’il quitte avec fracas aux premiers signes de dérive négationniste. Puis c’est l’enseignement à l’université de Vincennes, ce maelström du milieu du bois où s’agitent contradictoirement des antiautoritaires particulièrement déjantés et des maoïstes singulièrement lourds.
Et tant d’autres choses encore qui nous sont racontées dans cet entretien au long cours avec celui qui pensait que les gens qui rêvent le jour auront toujours quelque chose de plus que ceux qui ne rêvent que la nuit.