« Vivre comme individu, survivre en tant qu’espèce... »
Recension de Nature et Liberté de Daniel Cérézuelle sur Agora Vox.
L’homme n’habite plus une terre qu’il ne sait que surexploiter au nom d’une économie au service d’elle-même. A l’heure cruciale où tous les politiques se réclament de « l’écologie », il est urgent de redécouvrir Bernard Charbonneau (1910-1996) , l’un des pionniers de l’écologie politique qui, dès les années 30, pensa les dangers pour la nature et la liberté résultant de la montée en puissance du « progrès » technique, scientifique et industriel.
Jusqu’alors, l’humanité travaillait à son « expansion aveugle et dans tous les sens » - à son illimitation. Désormais, elle est travaillée par la question de sa survie en tant qu’espèce. La conscience écologique n’a pas attendu les manoeuvres dilatoires des petits soldats de « l’urgence climatique » se rêvant en eco-Robespierre d’une eco-technocratie vert-de-gris pour faire la tragique expérience des effets mortifères d’un « progrès » qui, loin de profiter à tous, écrase la multitude sous son "talon de fer"...
Longtemps minoritaires voire ignorés, des penseurs pionniers dans leur discipline s’efforcèrent de secouer le joug de l’aveuglement productiviste, techno-scientifique et de la société d’exploitation. Ainsi, de Bernard Charbonneau, le grand oublié de toutes les histoires de « l’écologie politique » de grand chemin.
Dès l’entre-deux-guerres, rappelle le philosophe Daniel Cérézuelle qui lui consacre un nouvel essai incisif, Charbonneau résumait : « Les progrès de l’organisation sociale et de l’efficacité technique menacent d’un même mouvement la liberté et la nature ».
Longtemps, les civilisations avaient lutté pour leur expansion et leur grandeur. Et puis certains comme Charbonneau et Jacques Ellul (1912-1994) ont soumis l’idée de l’humanité « en progrès » continu par « la force des choses » à un questionnement plus affûté : « En même temps qu’elle expulse la nature de notre vie quotidienne, la modernisation, c’est-à-dire la multiplication des structures impersonnelles, risque d’en éliminer aussi la liberté ».
En 1936, Charbonneau rédige Le Sentiment de la nature, force révolutionnaire, qui peut être considéré comme le document fondateur de l’écologie politique (...).
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