« Une véritable lèpre qui défigure le monde entier »
Recension de Désastres touristiques d'Henri Mora par Nicolas Casaux sur Ricochets.
Le tourisme est généralement présenté comme quelque chose de positif, de neutre. En réalité il n’en est rien.
L’industrie touristique ne cesse de s’accroître, de détruire la nature et les relations sociales humaines. Un livre est particulièrement éclairant sur ces sujets.
Le tourisme s’étend partout, dans les ruines, dans le tourisme virtuel et la virtualisation du réel. Le tourisme est à la fois une extension du capitalisme, et un complément qui est très utile.
Depuis plus de 50 ans, nous savons que le tourisme est néfaste. Pourtant, l’industrie touristique n’a cessé de s’accroître et s’étendre. Les 25 millions de touristes internationaux de 1950 représentent aujourd’hui 1,5 milliard, elle représente 180 milliards d’euros en chiffre d’affaires, et ce sont plus de 90 millions de visiteurs qui viennent en France. Elle est très rentable et très polluante.
Pourquoi, malgré toutes nos connaissances sur sa nocivité, continue-t-elle de progresser ?
La plupart d’entre nous croyons que les congés payés ont été une avancée sociale importante, que les voyages forment la jeunesse, sont source de connaissance et de tolérance, que le tourisme est un « moment de liberté gagnée ou de repos du guerrier mérité. »
La réalité est tout autre.
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Henri Mora retrace l’origine historique des congés payés et du tourisme qui ont été mis en place par les régimes fascistes italien et allemand.
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L’instauration d’un temps de non-travail trouve donc son origine dans la volonté des États de l’encadrer afin de s’opposer aux rapports sociaux de classe, de créer une illusoire solidarité entre patrons et ouvriers et de maintenir la paix. Le tourisme n’est pas démocratique, il est une activité qui répond aux lois du système capitaliste.
Dès l’Antiquité, les voyages ont pour but de coloniser, créer de nouvelles cités, s’approvisionner en esclaves. Ce sont essentiellement la guerre, le commerce et la religion qui motivent les voyages et de nombreuses infrastructures ont alors été créées pour étendre l’empire capitaliste aux territoires les plus reculés. Le tourisme est une colonisation « démocratisée », c’est-à-dire industrielle.
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Le tourisme transforme le temps de non-travail en valeur marchande : le touriste-client consomme, l’autochtone-producteur vend la marchandise et les prestations. L’ingénieur, l’architecte, le promoteur aménagent le territoire de telle façon à transformer les traditions, l’histoire, les villes et villages en objets marchands, en spectacle, en musées-entreprises. Toutes les collectivités territoriales s’appliquent aujourd’hui à promouvoir leur territoire pour attirer les clients.
« Le tourisme, à Venise, à Barcelone ou ailleurs, réduit l’espace consacré aux habitants. Il ronge toujours davantage les lieux de vie au profit des sites consacrés aux visiteurs. L’espace public, qui appartenait auparavant aux habitants, où les enfants pouvaient jouer au foot après l’école, se voit continuellement grignoté par de nouvelles terrasses de cafés et de restaurants. Cet envahissement des centres villes historiques participe à leur gentrification, les plus pauvres étant relégués à la périphérie. » (...)
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