27/04/24

« Un son discordant dans le chœur des laudateurs »

Recension de Vide à la demande de Bertrand Cochard par Robert Maggiori dans Libération.

Au début, c’était un genre, qui, apparaissant à la télévision avec sa régularité et ses «épisodes», était peu considéré et même, regardé avec un certain dédain, comme un «feuilleton». Puis les épisodes sont devenus des saisons, le feuilleton s’est mué en série, les écrans se sont multipliés, et ce qui était jadis méprisé a acquis ses ors et ses honneurs. Plus encore : accessibles à tous, à toute heure et à toute latitude, les séries se sont hissées au rang de phénomène social, de «fait social global», de maître des horloges du loisir, de «forme et objet de notre époque». Historiens de la culture, anthropologues, sociologues, philosophes ont fait feu de tout bois pour les décrypter, les interpréter, en extraire les signes du temps, en chanter les vertus. Vide à la demande de Bertrand Cochard, docteur en philosophie, a, avant toute chose, le mérite de faire entendre une autre chanson, un son discordant dans le chœur des laudateurs qui voient les séries comme autant de loupes aptes à mieux révéler la réalité. D’une façon radicalement critique, en dessinant d’abord une sorte de «panorama de la littérature scientifique sur les séries», puis en traitant du travail et du temps libre, de l’infrastructure numérique et de l’économie de l’attention, de la fiction et de l’imaginaire, l’auteur expose tous les effets délétères des séries - «objet idéologique de premier choix» - dont l’aspect le plus paradoxal est qu’elles se présentent comme une mise en question «du monde même au sein duquel elles existent», alors qu’elles ne font que le conforter et le garder en l’état (...).

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Bertrand Cochard