Stefano Boni chausse ses lunettes d'anthropologue pour analyse l'impact de nos sociétés techno-industrielles dites développées sur nos existences, lesquelles sont caractérisées dans une très large mesure par l'aspiration au confort. Séduisante de prime abord, la poursuite du moindre effort appauvrit radicalement notre expérience d'être-au-monde. Enfermés dans nos "techno-cocons", nous sommes de moins en moins sollicités par des expériences sensibles liées au milieu naturel, c'est-à-dire non modelé par une technologie qui nous échappe. De ce fait, nos sens s'atrophient ou sont déformés par un usage réducteur et préformaté. Ainsi de la vue, qui se focalise toujours davantage sur les écrans. L'homme moderne se berce de l'illusion de posséder le monde "au bout de ses doigts" grâce à un simple glissement sur l'écran tactile de son téléphone portable. C'est en fait l'écran qui le possède, car la numérisation de pans entiers de notre existence réduit celle-ci à une suite de symboles textuels ou visuels, et ce au détriment d'interactions sensibles et sociales concrètes (...). Kaïros souscrit pleinement à la conclusion de cet essai très bien argumenté et décapant : "Vivre avec moins de technologie équivaut, en somme, à mieux vivre. Et nous pouvons y arriver".

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