« Trois livres sur les traces d'un Paris populaire disparu »
Recension des Plaisirs de la rue d'André Warnod et de La Zone Verte d'Eugène Dabit par Sylvain Boulouque dans Slate.
«L'Est parisien – Genèse d'une reconquête», «Les Plaisirs de la rue» et «La Zone verte» nous offrent un superbe retour dans le passé.
Les éditions de l'Échappée lancent une nouvelle collection, Paris Perdu, afin de retrouver le Paris authentique, le vieux Paris, celui du «petit peuple haut en couleur», celui «des bistrots et de la chaleur humaine», «de la Butte à la Bastoche, du Quartier latin à Aubervilliers, en passant par Ménilmuche ou Belleville».
Le premier volume de la collection, Les Plaisirs de la rue, dû à la plume d'André Warnod, traite des fêtes dans la capitale au lendemain de la Première Guerre mondiale. Né en 1885, ce dessinateur industriel issu d'une famille protestante, devenu Montmartrois d'adoption, se lance dans le roman avant la guerre de 1914-1918, décrivant les joies des cabarets et des bistrots de la butte.
«Le flâneur doit mettre de la nonchalance dans la flânerie et n'avoir que sa fantaisie pour guide. Le flâneur qui veut trop connaître [...] va de déception en déception.»
André Warnod, dans Les Plaisirs de la rue
Pendant tout l'entre-deux-guerres, il multiplie ensuite les récits sur sa ville, avant de devenir historien. La réédition de son livre Les Plaisirs de la rue, initialement paru en 1920, est préfacée par sa fille Jeanine, née en 1921, qui, bon pied bon œil, souligne l'importance, pour son père, des déambulations parisiennes pour comprendre cette ville.
Le livre s'ouvre en effet sur un texte vantant l'art de la flânerie: «Le Parisien passe pour être le badaud par excellence. […] Je ne crois pas qu'il y ait au monde une seule ville où la flânerie puisse devenir aussi aisément un art véritable, digne de tenter les plus délicats. […] Le flâneur doit mettre de la nonchalance dans la flânerie et n'avoir que sa fantaisie pour guide. Le flâneur qui veut trop connaître [...] va de déception en déception. […] Combien est plus avisé celui qui s'offre au spectacle des choses, en reçoit l'impression avec docilité, jamais ne cherche, devant ce qu'il voit.» (...).
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