"Ce n'est pas dans cent ans qu'il faut vivre en anarchiste", grommelait dans les années 1900 le scandaleux estropié Libertad en exhortant les classes dangereuses à piétiner tous les interdits et à réinventer youpitamment la vie. Illico.

Albert Joseph dit Libertad fait partie des "zigues d'attaques" déchaînés ("Esclaves, brisez vos chaînes !") que croque l'effrontée subversionologue Anne Steiner dans la nouvelle version de son surexcitant Les En-dehors., la meilleure étude sur le sujet. Une étude où les émotions épicées contrastées ne manquent pas. Puisque, parmi les galapiats résolus à "faire la grève des gestes inutiles" et "à vivre leur vie le plus intemsément possible", nous tombons tout aussi bien sur des zadistes avant la lettre que sur des agitateurs casse-cou, tout aussi bien sur de désarmantes pétroleuses ou sur des joviaux naturistes que sur des sacripants de légende à la Bonnot-Callemin ou à la Marius Jacob. Mais la gouliafre Anne Steiner n'en est pas restée là. Elle sort de surcroît de sa gibecière une bio pharamineuse d'un autre magnifique fauteur de troubles de la Belle Époque : Miguel Almereyda, le papa en personne du cinéaste iconoclaste Jean Vigo, qui, dans les journaux insurgés où il s'éclatait, "maniait la titraille comme de la dynamite".