"Toute idée naît de l'action et doit retourner à l'action" : cette citation de Proudhon, Eric Sadin la fait sienne. Chez lui, la pensée critique ne se cantonne pas aux abstractions théoriques, mais part des conditions d'existence. Elle n'est pas destinée à rester dans les bibliothèques, mais à s'incarner au quotidien dans des choix de vie et dans une "morale du refus". En particulier le refus de l'instrumentalisation de l'homme, de son ravalement au rang de moyen dans une société technicienne qui érige l'efficacité en finalité. Dans son nouveau livre Faire sécession, Eric Sadin s'efforce d'ouvrir des perspectives concrètes de résistance au "technolibéralisme", ce "fait civilisationnel total". Lui qui, depuis plus d'une décennie, analyse la transformation anthropologique engendrée par la numérisation constate que la gestion politique de la pandémie l'a précipitée : dans notre télésocialité, les individus reclus devant les écrans sont mis à distance les uns des autres. La soumission à l'industrie du numérique s'est brutalement accélérée. [...]