« Révolutionnaire sans texte »
Recension de Histoires sans paroles de Samuel Dégardin par Sylvain Boulouque dans Le Monde Libertaire.
La collection Le peuple du livre publiée par les éditions L’Échappée, après s’être penchée sur Le Jeune Ragon (par Thierry Maricourt) et la collection Little blue book (par Goulven Le Brech), propose un nouvel ouvrage sur les livres-gravures de Franz Masereel intitulé Histoires sans parole. Rédigé par Samuel Dégardin l’un des meilleurs spécialistes de l’artiste, dessinateur et écrivain – il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur son œuvre – propose une analyse fouillée autour de ce moment particulier dans son œuvre, ses livres sans paroles
Franz Masereel est né en 1889 dans la bourgeoisie belge. Formé intellectuellement par son beau-père, proche des milieux libres penseurs, il suit les cours de l’école de dessin. C’est au début des années 1910 qu’il rencontre les groupes libertaires à Paris. Au contact des artistes bohèmes parisiens, il se familiarise avec le style de la gravure sur bois dont il devient vite un des meilleurs pratiquants.
Lors de la Première Guerre mondiale, se réfugie en Suisse, où il rencontre Stéphan Zweig et Romain Rolland. Il utilise ses talents artistiques pour dénoncer la guerre comme en témoigne ses descriptions du conflit dans Demain ou Les Tablettes.
Après la guerre qu’il atteint son apogée à la fois stylistique et créatrice, publiant en quelques années plusieurs récits baptisés Histoires sans paroles. Ces livres sont le centre de l’ouvrage, l’auteur analyse chacun des textes.
Masereel est passionné par la question sociale, Les 25 images de la passion d’un homme, illustre la vie et les luttes du syndicaliste libertaire de la Loire Clovis Andrieux. Lui succède, Mon livre d’heures, qui décrit sa perception de la vie mélange d’hédonisme et de passion pour la justice. Le Soleil peut être pris comme une allégorie des espoirs de la fin de la guerre et de la grande lueur à l’est. En effet, Masereel se rallie au bolchevisme. Il publie ensuite plusieurs récits graphiques comme Histoire sans paroles et Idée décrivant les métamorphoses de la société des années ou La Ville qui illustre les transformations des cités. Dès le début des années vingt, il devient compagnon de route accompagnant la propagande soviétique, comme en témoigne Du noir au blanc. Il continue à dessiner et prolonge son action militante après la guerre jusqu’à sa mort en 1972 comme l’explique l’auteur. Samuel Dégardin accompagne son propos de nombreuses analyses sur la fabrication des estampes, la diffusion des livres. Il analyse aussi les postérités de Masereel. Plusieurs artistes libertaires comme Hélios Gomez utilisent des gravures sans paroles pour montrer les transformations sociales dans l’Espagne révolutionnaire. Plusieurs de ses épigones se retrouvent également dans les dessins de propagande de la mouvance communiste.
Un beau livre pour sa qualité graphique, la mise en page soignée et la précision du propos (...).
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