« Révolte consommée »
Recension de Révolte consommée par Charles Jacquier dans Le Monde diplomatique (juillet).
Écrit par deux philosophes canadiens au début des années 2000, ce livre interroge les positions des « rebelles contre-culturels » aux États-Unis, depuis les années 1950-1960. Après Pier Paolo Pasolini, ils soulignent que ce « conformisme de la rébellion (…) est le meilleur complice de l’ordre établi » (Guy Scarpetta). La « subversion » est omniprésente dans nombre d’institutions culturelles sans que le système dominant s’en émeuve ; mieux même, elle le favorise en créant des marchés de niche ou en promouvant une forme de consumérisme dynamisé par la nouveauté permanente, le ressort de leur dynamisme. La critique de cette prétendue contre-culture, dont le sens ne peut pas être le même qu’à ses débuts depuis la contre-révolution libérale des années 1980, est souvent juste et non sans humour. Si les auteurs insistent avec raison, contre les stratégies individuelles, sur la nécessité de l’action collective, on peut considérer que les remèdes proposés (le retour de l’État et la régulation du marché) permettraient au mieux d’atténuer les maux des sociétés actuelles, non de les changer durablement au profit du plus grand nombre.
Pour lire la recension en ligne : https://www.monde-diplomatique.fr/2020/07/JACQUIER/61973