« Réquisitoire contre le matériau le plus utilisé de la planète »
Recension de Béton d'Anselm Jappe par Stéphane Gaessler sur En attendant Nadeau.
Béton, livre réquisitoire d’Anselm Jappe contre le matériau le plus utilisé de la planète, a pour point de départ l’effondrement, le 14 août 2018, du viaduc du Polcevera à Gênes, ouvrage d’art du célèbre ingénieur italien Riccardo Morandi (1902-1989). Après avoir retracé l’histoire du béton armé, son émergence et son expansion concomitante à la révolution industrielle et au développement d’une économie capitaliste mondialisée, le philosophe aborde la question centrale de son livre, celle d’une industrie parmi les plus polluantes de la planète, à l’origine, selon les estimations, de 4 à 8 % des émissions mondiales de CO2, juste derrière le pétrole, le charbon et le gaz.
Édifié en 1967, le viaduc à haubans de Gênes, réputé pour la solidité de ses éléments porteurs en béton précontraint, n’a duré en fait que cinquante ans. Anselm Jappe a cherché à voir si le cas du pont Morandi était un accident, ou s’il était un exemple paradigmatique d’un phénomène plus général, celui d’une obsolescence consubstantielle aux ouvrages en béton armé, mettant en sursis des millions de bâtiments, logements, édifices publics ou infrastructures. Le 8 avril 2020, cette inquiétude a été confortée par l’effondrement, de nouveau en Italie, d’un pont en béton de 300 m de long situé dans la ville d’Aulla (Toscane). On ne fera pas la longue liste, partout dans le monde, des accidents ou des opérations de réhabilitation sur des constructions de béton armé ayant subi un vieillissement accéléré, dû notamment à la corrosion des éléments en acier, à l’image par exemple de nombreux grands ensembles construits en France il y a de cela quarante/soixante ans.
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