02/11/23

« Prof précaire en banlieue : “La mythique guerre des mémoires n’a pas eu lieu” »

Recension du Remplaçant de Nedjib Sidi Moussa par Faris Lounis dans Actualitté.

Un homme issu d’un milieu ouvrier du Nord de la France, un ch’ti descendant de l’exil messaliste, « après un doctorat — cette mention devient de plus en plus absurde à mesure que le temps passe — et bientôt 40 ans, n’a jamais eu le loisir de signer le moindre CDI », décide de témoigner, entre le 8 janvier et le 10 juillet 2022, d’une partie de sa vie qui charrie avec elle un passé lourd et tragique, à l’image d’une France régulièrement interpellée par ses contradictions et conflits de classes, par ses aveuglements sur son passé colonial qui ne cesse de refaire surface. Par Faris Lounis.

« Au bout de quelques mois de cette tension féconde, au retour des vacances de Noël, je ressentis le besoin de témoigner afin de partager mon expérience de prof (précaire) de banlieue, de (grand) remplaçant immergé parmi les classes laborieuses de ce pays, à l’école de la seconde France. »

Avec pour toile de fond les récentes révoltes urbaines qui ont suivi la mort scandaleuse de Nahel à Nanterre cet été, une offensive réactionnaire dirigée contre le prétendu danger du « séparatisme islamique » des abayas et de ses alliés de « la révolution islamo-gauchiste wokisée » a violemment marqué la rentrée scolaire en France.

Si ces robes d’origine bédouine sont le maître mot de la situation, et non le manque structurel des professeurs dans les écoles publiques et leur sous-financement pour le moins préoccupant par rapport à l’enseignement privé — majoritairement religieux (vive la laïcité !), le dernier livre de l’historien et docteur en sciences politiques Nedjib Sidi Moussa, Le Remplaçant. Journal d’un prof (précaire) de banlieue, tombe à pic pour livrer, loin du manichéisme, des idées reçues et des stéréotypes fossilisés dans les imaginaires sur « la-banlieue » (en tant que bloc homogène, essentialisée comme l’« ennemi intérieur mortel » de la République), le vécu d’un professeur précaire, de surcroît « (grand) remplaçant » dans le secondaire, plongé au milieu du marasme des territoires abandonnés de la République (...).

Pour lire la suite : www.actualitte.com/article/114152/chroniques/prof-precaire-en-banlieue-la-mythique-guerre-des-memoires-n-a-pas-eu-lieu

 

Nedjib Sidi Moussa