« Prix Interallié 1957, Rue du Havre a acquis avec le temps un petit côté documentaire »
Recension de Rue du Havre de Paul Guimard par Claire Devarrieux dans Libération.
François, publicitaire, arrive à 8 h 44, Catherine, élève comédienne, onze minutes plus tard. Julien Legris les connaît, ils passent devant lui le matin au sortir de la gare Saint-Lazare. Ces deux-là, il le pressent, sont faits l’un pour l’autre. Mais comment pourraient-ils se rencontrer ? Julien Legris, ancien combattant, vend des billets de Loterie rue du Havre. Avant que le ciel s’en mêle, ou une petite fille, un événement lui tombe dessus : François lui propose d’être père Noël aux Galeries Lafayette, un rôle taillé pour lui. «L’habit ne fait pas plus le moine que l’argent ne fait le bonheur mais l’un et l’autre ne sont pas superflus.» Le roman suit Julien, puis François et enfin Catherine bombardée future vedette. Entre un metteur en scène Pygmalion et un producteur pour qui une actrice de 18 ans est moins chère à entretenir qu’une danseuse, Paul Guimard, l’auteur des Choses de la vie porté à l’écran par Claude Sautet, brocarde les mœurs du cinéma. Prix Interallié 1957, Rue du Havre a acquis avec le temps un petit côté documentaire. Voyez la Maison du Bonheur, au dernier étage du grand magasin : «Des hommes et des femmes se tenaient par la main au seuil de l’éden et, par comparaison, mesuraient combien il est malaisé de vivre un grand amour quand il faut faire la cuisine, la vaisselle, la toilette et la lessive dans le lavabo d’un hôtel meublé.» (...).
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