« Pour en finir avec le béton armé et son monde »
Long article à partir de Béton. Arme de construction massive du capitalisme, par le collectif des orchidées, sur le site de la revue Lundimatin.
« Le béton incarne la logique capitaliste », comme le dit Anselm Jappe, auteur de Béton, arme de construction massive du capitalisme paru l’année dernière aux éditions L’échappée. C’est cette affirmation que vise à éclairer cet article qui tente de tirer les enseignements du livre de Jappe depuis la ZAD de la colline de Mormont, en Suisse. Non seulement l’expansion du capitalisme est indissolublement et matériellement liée à celle du béton armé qui a permis de construire les métropoles, les grattes-ciels mais aussi les barrages du XXe siècle ; mais le béton est également l’analogue matériel de la valeur en régime capitaliste : uniforme, adaptable à tous les contextes et indifférents aux particularités, en constante augmentation et générant un ravage permanent du monde. À l’heure où des appels à bloquer les industries les plus polluantes se succèdent (comme celui du 17 avril prochain publié ici-même), cet article tente de documenter concrètement les liens entre les logiques industrielles et capitalistes et, par là, de relier la pensée écologique à une réflexion de fond sur l’économie.
« Le béton incarne la logique capitaliste », voilà comment Anselm Jappe commence la présentation de son nouveau livre Béton arme de construction massive du capitalisme publié en octobre dernier aux éditions L’échappée, collection pour en finir avec. Au même moment débutait, sur la colline du Mormont, ce qu’on appelle aujourd’hui la première ZAD de Suisse. Le timing fut donc tout bien choisi, voilà que des activistes écologistes et anticapitalistes, comprenant les limites des rouages politico-économique en marche, entreprennent de faire opposition physiquement aux forces destructrices de notre monde. Perché au Nord de la ville de Lausanne, leur objectif est commun à celui du professeur de philosophie, les militant.es.x.s veulent mettre en lumière les pratiques écocidaires et socialement destructrices de l’industrie cimentière, principalement les activités du géant international LafargeHolcim. Dans le même temps donc, le théoricien de la critique de la valeur le démontre remarquablement ; les ravages liés à l’essor du béton armé dans le domaine de la construction sont d’envergure, le béton armé étant parfaitement adapté au développement capitaliste selon lui. Seulement, en Suisse comme ailleurs, les critiques à l’égard du béton ne fusent pas, et c’est pour cette raison que nous prenons le temps ici de resituer une partie des propos d’Anselm Jappe. Notre combat, tout comme sa critique, ont pour but d’amener le béton et son monde – le système capitaliste – dans le débat public. Il est devenu urgent de repenser notre modèle de société et nos attaches culturelles à certaines pratiques. Le moment de crise sanitaire, sociale, économique et écologique que nous traversons aujourd’hui doit nous amener, sans plus attendre, à de nouveaux récits. La nécessité de s’extraire de la logique marchande capitaliste que le béton incarne fait partie des impératifs actuels.
Seulement deux semaines plus tard, c’est Greenpeace qui se mêle à la danse, en publiant un rapport accablant sur LafargeHolcim. Celle-ci les tiens pour responsables de plus de 120 cas de pollution environnementale et de violation des droits humains dans 34 pays différents. Ce rapport illustre magistralement le combat que nous menons et étaye de manière plus sûre encore les propos d’Anselm Jappe. Mêlant destruction globalisée, atteinte aux droits humains et à l’intégrité physique des personnes, imbrication dans un système socialement et écologiquement destructeurs, LafargeHolcim et le béton sont, plus que des armes de constructions, de véritables armes de destruction massives du vivant. [...]
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