« Paradis perdu »
Recension de La Zone verte d'Eugène Dabit par Christian Authier dans Le Figaro Magazine.
Eugène Dabit (1898-1936) n'a pas été que l'auteur de L'Hôtel du Nord porté à l'écran par Marcel Carné et devenu un classique. La preuve avec La Zone verte que vient de rééditer L'échappée dans une nouvelle collection dédiée au "Paris perdu". Figure de la littérature "populiste" (le mot n'était pas alors une insulte), Dabit met en scène ici un peintre d'enseignes au chômage, Leguen, ancien combattant, qui part à la campagne afin de cueillir du muguet pour le 1er mai. Au coeur de cette "zone verte", où Parisiens et paysans se regardent en chiens de faïence, il découvre une auberge dont le tenancier va l'embaucher.
L'écrivain décrit des gens ordinaires sans les idéaliser. Rancoeurs et jalousies sont de la parte tandis qu'une amitié amoureuse naît entre Leguen et la femme de son patron. La Zone verte dessine aussi les frontières indécides d'une nouvelle banlieue, outrageant la nature, "où l'on ne peut que connaître la petitesse de l'homme" et "mieux se souvenir du paradis qu'il a perdu". Dès lors, il s'agit de répondre à "un défi insensé, un impossible appel, celui de retrouver un être cher, celui de retrouver une époque abolie". Un défi que ce roman émouvant relève de belle façon (...).
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