« "On arrête (parfois) le progrès" : l’histoire d’une croissance industrielle entre euphorie et désenchantement social et environnemental »
Recension d'On arrête (parfois) le progrès de François Jarrige par Claire Legros dans Le Monde.
A travers l’histoire des nombreux mouvements qui, depuis le XIXᵉ siècle, ont protesté contre l’idée d’un « progrès » non régulé, et réclamé d’en débattre, l’historien François Jarrige dresse un panorama saisissant de deux siècles d’une croissance industrielle pensée comme indiscutable.
Livre. « On n’arrête pas le progrès », soutient l’adage. Mais de quel progrès parle-t-on ? Depuis que l’expression s’est imposée au XIXe siècle avec l’arrivée des premières automobiles, elle renvoie à un imaginaire puissant : l’innovation technologique serait inéluctable et pourrait seule nous garantir l’abondance et l’émancipation, loin des pénuries du passé.
Mais cette représentation est aujourd’hui mise à mal par les crises écologiques. Des technologies considérées il y a peu comme de véritables totems du progrès – le moteur thermique, le plastique jetable ou les pesticides chimiques – sont aujourd’hui jugées délétères et progressivement bannies.
Le progrès technologique est-il toujours désirable ? L’ouvrage de François Jarrige, historien des techniques et de l’industrialisation, dément largement cette idée. Le recueil d’articles, initialement publiés de 2012 à 2021 dans La Décroissance – revue qui « tient ferme son refus de la numérisation » –, retrace deux cents ans d’une histoire étonnamment cyclique, entre euphorie industrielle et désenchantement social et environnemental, bien loin de l’image souvent convoquée d’un mouvement linéaire et indéfini auquel on n’aurait d’autre choix que de s’adapter.
ar la prise de conscience de la part sombre de nos sociétés industrielles n’est pas nouvelle. Nombreux sont ceux qui ont questionné, dès le début du XIXe siècle, le risque de dégradation des rapports sociaux et des milieux de vie. L’auteur consacre un large chapitre à ces « précurseurs » oubliés, des luddites anglais du Yorkshire, qui, en 1811, se révoltent contre l’apparition des machines à tisser, au Français Charles Fournier soupçonnant, au début des années 1830, « quelque ruse cachée sous ce jargon de progrès » (...).
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