De Paul Guimard (1921-2004), on connaît Les Choses de la vie, adapté au cinéma par Claude Sautet, ou L'Ironie du sort, mais son œuvre comprend des trésors oubliés. La preuve avec Rue du Havre, son deuxième roman, couronné par le prix Interallié en 1957, qui vient d'être réédité. Dans cette rue du Havre, non loin de la gare Saint-Lazare, un vieil homme presque invisible, Julien Legris, vend des billets de loterie tout en observant le ballet des passants, qui deviennent des présences familières rompant sa solitude. Au point d'imaginer que certains sont faits pour se rencontrer, comme François, qui travaille dans une agence de publicité, et Catherine, apprentie comédienne s'apprêtant à tourner son premier film. Problème : onze minutes séparent leurs trains respectifs et leur arrivée dans la rue du Havre. Comment infléchir le destin ?
En démiurge facétieux, Guimard place ses personnages face au "cours des hasards", écrit des choses profondes (sur l'amour et l'amitié) avec légèreté. Le sens de la formule fait mouche. Entre tragédie et comédie, l'épilogue de ce roman, aux échos étonnement contemporains, est une manière de chef-d'œuvre. On sourit. On a la gorge serrée. Les choses de la vie...

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