« Les "bandits sociaux" ne meurent jamais »
Recension de Bandits & Brigands par Bruno Le Dantec dans CQFD (n°193, décembre 2020).
Mythes tout mités pour anars romantiques ? Rêve d'enfants en mal de vie libre et aventureuse ? Angle mort de l'histoire sociale ? C'est tout cela et un peu plus que revisite en douce le recueil de nouvelles Bandits et brigands, édités ces jours-ci par L'échappée avec la complicité active de huit fiers auteurs.
Ned Kelly (Australie), Rob Roy MacGregor (Ecosse), Ahmed "Hend" U Merri (Kabylie), Phoolan Devi (Inde), Cartouche (Paris), Sante Notarnicola (Italie), Joaquin Murieta (Mexique ou bien Chili), Maria Bonita (Brésil)... Le souvenir des faits d'armes de ces hors-la-loi a été véhiculé par la rumeur, les chants et parfois des films. Comme le soulignent les artificiers du projet Bandits et brigands (le fameux duo officiant à la parisienne librairie pirate Quilombo) dans la préface de ce livre collectif, si ces beaux gestes de perdants n'ont pas eu les honneurs de l'histoire officielle, c'est la mémoire collective qui les a propulsés jusqu'au panthéon underground des héros populaires. A l'origine, ces récits illégitimes autant qu'illégaux sont les compagnons de rêve d'une populace supposée envieuse, bestiale, superstitieuse... Alors comment perpétuer la tradition orale en ces temps ordinaires, numérisés, confinés ? En armant la fiction, pardi. (...)