19/10/24

« Le virtuel et le réel, des sociétés-écran au monde-écran »

Recension de Barbarie numérique de Fabien Lebrun par Le Phénix dans Agora Vox.

La technologisation du monde constitue l’enjeu majeur de notre temps. La voracité énergétique de la mégamachine numérique engage l’avenir du vivant dans le monde terrestre et compromet pour le moins les perspectives de survie de l’espèce présumée en « bénéficier » - voire en capacité de la maîtriser. Le chercheur Fabien Lebrun invite à voir ce qui se passe devant et derrière nos écrans, en partant du Congo détruit par les cruelles guerres de prédation pour le pillage de ses richesses minières, générées par nos addictions aux gadgets de l’illimitation technologique... Le stade numérique du capitalisme, arrivé à la « dernière frontière extractiviste », réalise-t-il son accumulation finale par la dévoration de la planète ?

Chaque bipède occidentalisé infiniment moyen croit tenir l’univers dans sa poche par « l’infiniment petit » d’un gadget électronique pesant « 150 grammes mais 150 kilogrammes de matières premières » arrachées à la terre pour sa fabrication...

Ce sentiment fallacieux de toute-puissance infantile tient au fonctionnement des alliages de ces « microappareils computationnels, abrutissants plutôt qu’intelligents » comme le souligne le philosophe québecois Alain Deneault dans sa préface à l’essai d’une vertigineuse densité informative de Fabien Lebrun.

Mais le mammifère abîmé dans l’écran de son gadget high tech érigé en « fétiche vital pour chaque habitant du globe  » sait-il que l’objet de son aliénante technolâtrie a « fait quatre fois le tour du monde avant de se loger dans la poche de son propriétaire » présumé via les circuits d’acheminement des métaux numériques et de flux des marchandises ? Sait-il qu’il est constitué d’une cinquantaine de métaux extraits et qu’il est « par définition destructeur avant même son utilisation  » ?

Cette « gabegie énergétique qu’il produit avant même son utilisation  » devrait interpeller les « écologistes » et autres « eco-anxieux » ou « sauveurs du climat » autoproclamés, présumés soucieux du devenir de la vie terrestre... Mais ces « défenseurs de l’environnement » (plutôt que du vivant...) semblent davantage adaptés à leur transformation anthropologique en réceptacles, appendices, serveurs et chair à datas de leur ordiphone qu’à la conscience concrète d’un devenir commun... Ainsi « appareillés, prothésés et pucés », ils dérivent d’addiction en régression, de l’écocidaire frénésie consumériste jusqu’à la démentielle dégradation d’oeuvres d’art dans les musées et la « décarbonation » terminale dans le piège informatique global (...).

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Fabien Lebrun