26/10/23

« Le jeune Michel Ragon, une ode à l’émancipation et à la lecture »

Recension d'Une Rage de lire de Thierry Maricourt par Louis Raymond dans Le Comptoir.

Dans un ouvrage qui vient de paraître aux éditions L’Echappée, Thierry Maricourt propose un récit littéraire de la jeunesse de Michel Ragon, écrivain aux convictions libertaires décédé au début de l’année 2020. Maricourt, qui s’inscrit dans la tradition des écrivains prolétariens et autodidactes, signe un texte qui nourrit la réflexion sur l’ascension sociale et les transfuges de classes, tout en pointant du bout de la plume le plus bel outil en faveur de l’émancipation : la lecture.

Devenir, envers et contre tout. Le XXe siècle, avec ses fracas, ses tragédies et ses pièges, autorisait son lot de trajectoires hors du commun. Celle de Michel Ragon, auquel nous avions consacré un long portrait, compte parmi les plus extraordinaires de la France des lendemains de la Seconde guerre mondiale. Comment un jeune homme orphelin de père, né à la campagne parmi les humbles, dans une petite ville de Vendée où l’on se méfie des livres et où l’on ne jure que par les choses concrètes, qui n’a pour tout bagage scolaire que le certificat d’études primaires, devient-il romancier à succès, critique d’art, historien de la littérature et de l’architecture, tout en restant fidèle à ses idées libertaires ?

C’est la question à laquelle tente de répondre Thierry Maricourt, dans un joli livre, sorte de biographie littéraire du jeune Michel Ragon, paru aux éditions l’Echappée en septembre 2023. Cette recension aurait pu s’appeler « Les transfuges de classe, avant », tant l’auteur a choisi de traiter la jeunesse de son héros sous l’angle de la tension entre sa classe sociale de départ et celle de sa classe sociale d’arrivée. Entre 1942 et 1943, alors qu’il est employé à la préfecture de Nantes à l’âge de 18 ans, Ragon a une aventure avec une jeune femme « issue d’un milieu que l’on dit favorisé », qui vit dans les beaux quartiers de Nantes. Rapidement néanmoins, entre le jeune prolétaire qui était jusqu’à peu saute-ruisseau, c’est à dire garçon coursier, et la jeune bourgeoise, les « conventions sociales affûtent leur couperet et font d’eux des ennemis ». Et l’auteur de prêter une citation au jeune homme, rédigée dans ses carnets : « Je comprends que jamais, si j’accède un jour au rang des riches, je ne pourrais vivre parmi eux sans gêne, ni sans honte. » (...).

Pour lire la suite : www.comptoir.org/2023/10/26/le-jeune-michel-ragon-une-ode-a-lemancipation-et-a-la-lecture/?fbclid=IwAR3KqOt9pHebpvY8b04pYXl3b-op6dlnrWYyUdYF8GTbczMnUh51Il74q8g

Thierry Maricourt