« Laurent Bihl, Gilles Picq et Benoît Collas font la tournée des cafés en France »
Recension des Brasseries parisiennes de l'avant-siècle (1870-1914) de Gilles Picq par Jean-Didier Wagneur dans Libération.
Café, bistrot, rade, troquet mais aussi boui-boui, assommoir, caboulot, estaminet (on peut y fumer), divan, tapis-franc ou popine : son nom est légion. Chaque époque, chaque région a ses appellations et il y en a eu pour tout le monde, depuis ceux éclairés au gaz qui brillaient de mille feux sur le boulevard des Italiens, aux cafés des «pieds humides» où les oubliés de la vie pouvaient noyer leur mal-être debout en plein vent. Grâce à Laurent Bihl, le lecteur saura tout de ce patrimoine national aussi provincial que parisien. Outre une enquête de terrain chez tous les limonadiers qu’il a pu croiser – scientificité oblige – cet historien spécialiste du XIXe siècle a vu son projet prendre de l’ampleur. Au départ le simple désir de rééditer l’ouvrage que son père, Luc, avait publié jadis à l’Age d’homme. Mais très vite, le sujet devient dévorant, la documentation s’entasse et la réédition se transforme en une véritable somme. Café révolutionnaire, café républicain, café du peuple… tout est là, commenté et servi par de nombreux témoignages. Car la littérature sur les bistrots est souvent de nature anecdotique, c’est le lieu du récit de soi et d’une éloquence plus ou moins avinée, alternant blague ou sédition. On s’y livre au name-dropping : le critique y écrit ses articles au retour d’une générale, le journaliste transforme les potins et les brèves de comptoir en échos, les poètes y accumulent les soucoupes et les rimes. Ce sont aussi des dîners de lettres, Verlaine et son absin (...).
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