20/04/22

« La résilience selon Macron : gérer la catastrophe au lieu de lutter contre »

Tribune de Thierry Ribault, auteur de Contre la résilience sur Reporterre.

Dans la logique macroniste, les catastrophes sont inévitables et, en dépit de la mort qu’elles sèment, il ne s’agit pas de les empêcher mais de « vivre avec ». Cette résilience mise en valeur par le pouvoir vise avant tout à ce que ses sujets continuent à être fonctionnels sans être paralysés par la panique ou l’anxiété.

À ceux qui s’étonnent encore de la volonté du candidat Macron de pousser encore plus loin le modèle productiviste et hypertechnologique qui est en grande partie responsable des catastrophes climatique, sanitaire et énergétique dans lesquelles nous nous trouvons, il convient de rappeler qu’en bon collapsologue, le président sortant n’a jamais eu l’intention d’empêcher ni les désastres en cours ni ceux à venir, mais d’amener chacun à consentir à « vivre avec ». De fait, se renforcer dans l’épreuve est au cœur de la métaphysique étatique du malheur vertueux qu’il incarne.

Si l’on en croit la lecture du très discret rapport de la mission parlementaire sur la résilience nationale, publié en février 2022, « engagement et résilience de la nation » constituent le programme d’une République en marche acquise aux thèses effondristes, selon lesquelles les désastres sont inéluctables. Sous la férule de la commission de la défense nationale et des forces armées en la personne de Thomas Gassilloud, rapporteur principal, il s’agit d’« envisager les chocs de toute nature auxquels le pays doit se préparer » et d’éduquer les citoyens à être des bons soldats au service d’une « défense totale » de la nation.

Dans un contexte de « conflictualité généralisée à tous les espaces » et de « compétition stratégique » entre grandes puissances, ces parlementaires imprégnés de militarisme en appellent à un engagement en faveur d’un durcissement de la nation qui ne peut passer que par un endurcissement des individus. Ils s’inquiètent du fait qu’« auparavant, alors que l’effort de guerre et ses répercussions sur la population française étaient considérables, ils étaient acceptés par la société », tandis qu’aujourd’hui, « l’acceptabilité sociale des crises et des difficultés est devenue plus faible ». Comment les adeptes de la Résilience En Marche envisagent-ils de nous adapter aux désastres ? (...)

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Thierry Ribault