« La résilience ou le consentement au désastre »
Entretien de Thierry Ribault, auteur de Contre la résilience dans La Décroissance (n°191, juillet-août 2022).
C'est devenu un mot d'ordre de notre époque, que l'on retrouve aussi bien dans des plans étatiques, des traités de collapsologie ou des guides de développement personnel : face aux crises écologique, sociale, sanitaire, économique, géopolotique (etc.), chacun est prié de développer sa "résilience". Qu'y a-t-il derrière ce diktat omniprésent ? Thierry Ribault, auteur de l'ouvrage Contre la résilience. À Fukushima et ailleurs (L'échappée, 2021), nous éclaire.
La Décroissance : L'Injonction à la "résilience" envahit particulièrement les milieux écolos. Comment l'expliquez-vous ?
Thierry Ribault : De la science des matériaux à sa mobilisation en tant que thérapie pour tout type d'expériences douloureuses (cancer, sida, perte d'un proche, captivité, catastrophes, attentats, maltraitance), autant d'épreuves que l'on est censé supporter en la trouvant un sens, la résilience a connu une expansion tous azimuts. Dans le champ de l'écologie, son importation s'est opérée via un édifiant détour de production. Dans les années 1950, Eugène et Howard Odum, biologistes missionnés par l'US Atomic Energy Commission, étudient la résistance des écosystèmes des atolls coralliens micronésiens, et accessoirement des populations, aux effets des particules radioactives disséminés par les essais atomiques (...).
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