La photographie a cette particularité d’aveugler autant qu’elle montre. Devant cette fenêtre sur le monde, le spectateur est happé par une impression de réalité dont on sait désormais qu’elle peut s’avérer traîtreusement trompeuse, mais qui masque aussi la question du support de ce que l’on voit… Dans cette perspective, la transformation numérique de la fabrique d’images contemporaines n’est pas toujours envisagée dans toute son ampleur. On souligne souvent les facilités technologiques apparues depuis une vingtaine d’années, on s’enthousiasme des nouveaux moyens de publication et de diffusion, on s’étonne devant les possibilités esthétiques qu’ouvrent ces pratiques plus plastiques et plus rapides. Mais on peine à saisir et à synthétiser les principes désormais à l’œuvre dans la production visuelle actuelle. D’où l’intérêt du livre d’André Rouillé, La Photo numérique. Une force néo-libérale, qui propose une analyse aussi pragmatique que complète de ce basculement technologique aux multiples conséquences. [...]

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