« La maison écoféministe »
Recension d'Être écoféministe par Sylvie Koeller dans la revue Études (juin).
De la maison écoféministe, Jeanne Burgat Goutal a voulu visiter toutes les pièces et dépendances, en visiteuse bienveillante, curieuse, charmée parfois, sans s’y laisser enfermer. Les fondations de la maison, ce sont d’abord des textes fondateurs, dont la philosophe attendait beaucoup, avant de déchanter, tant la vue d’en-semble se dérobait. Impossible d’établir une classification, un système. La diversité des voix, des années 1970 à nos jours, constitue plutôt une anthologie foisonnante dont il s’avère vain de rechercher la cohérence, sauf à s’arrêter à ses thèses les plus simplistes. L’écoféminisme refuse de se laisser enfermer dans une orthodoxie. [...] L’auteure rend hommage à cet esprit touche-à-tout en brossant le portrait de femmes dont elle a partagé les lieux de vie et les rituels, dans une recherche beaucoup plus impliquée que l’observation participante. Souvent touchée, mais jamais convertie, tant le scepticisme l’empêche d’en croire ses yeux. C’est avec autant de prévention que de désir d’admirer qu’elle se rend ensuite en Inde pour découvrir en actes l’écoféminisme postcolonial, sous l’égide de Vandana Shiva. Aussi persévérante que perplexe, Jeanne Burgat Goutal va aussi loin que possible dans le décentrement et le renoncement à l’universalisme, mais jamais trop loin. Il ne saurait être question d’édifier le lecteur, ni de renforcer ses préjugés. En revanche, il saura ce qu’est une vraie recherche, aussi polymorphe et tenace que son objet.