« La Fausse conscience »
Recension de La Fausse conscience de Joseph Gabel dans la Revue française de science politique.
Comment comprendre les phénomènes de l’aliénation et de l’idéologie, deux concepts fondamentaux légués par les travaux de Karl Marx et de Friedrich Engels, respectivement dans les Manuscrits de 1844 et l’Idéologie allemande. Qu’en est-il des systèmes totalitaires ou du racisme : de quoi sont-ils le nom ? Paru durant l’effervescence intellectuelle des années 1960 autour de la Nouvelle gauche, l’ouvrage de Joseph Gabel (1962) constitue une des contributions majeures à l’analyse de ces phénomènes. En guise d’apport au débat, J. Gabel crée la « fausse conscience », concept au carrefour de ceux de l’idéologie et de l’aliénation. À l’instar de Éros et civilisation d’Herbert Marcuse ou encore de La psychologie de masse du fascisme de Wilhelm Reich, dans le sillage des travaux interdisciplinaires – dont l’université française est si allergique – de l’École de Francfort, l’auteur relie notamment le psychologique et le sociopolitique, en associant entre autres les œuvres de jeunesse de K. Marx et celles de Sigmund Freud. Pour autant, l’auteur, psychiatre de formation, n’appartient pas au freudo-marxisme per se. Il s’appuie plus volontiers dans ses analyses sur des recherches psychiatriques (notamment celles d’Eugène Minkowski), psychologiques (Géza Roheim, Ludwig Binswanger), de sociologie (Karl Mannheim) et philosophiques (Georg Lukacs). D’autre part, parmi les différents opus de ces années-là, La fausse conscience. Essai sur la réification est moins lu et moins connu, et pour cause, il est plus difficile d’accès notamment dans ses nombreuses références au corpus psychiatrique.
Cette nouvelle édition augmentée d’une présentation substantielle et de cinq textes autour du thème de l’idéologie en guise d’illustration par l’exemple présentés en annexe redonne vie à ce texte canonique de la théorie politique, d’autant plus que le concept de la fausse conscience est des plus adéquats pour analyser la condition historique actuelle (...).
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