20/11/19

« La colère monte »

Recension signée Martine Laval de Samedi soir, dimanche matin d'Alan Sillitoe dans Le Matricule des Anges (n°208 novembre-décembre 2019).

Histoire d'un jeune prolo insoumis dans l'Angleterre des années 50. Réédition de Samedi soir, dimanche matin, roman bourré de rage.

Il a tout du mauvais garçon, le parler, la dégaine, la machiste attitude, irritante en diable. Il est ouvrier, il travaille à la chaîne, est payé à la pièce. Il s'en fout. Il est jeune, 20 ans, tête fougueuse et muscles d'acier, il trime, bat de vitesse ses collègues, gagne nettement plus. Et alors ? Chacun pour soi. Faut pas le chercher. Parfois, il cogne. Souvent, il boit. La baston et les pubs sont faits pour broyer et noyer les mornes heures des jours et des nuits vendues à l'usine. Ce gars-là se nomme Arthur Seaton. Il vit à Nottingham, dans une Angleterre qui se remet à peine de la Seconde Guerre mondiale. La fille qui couche avec lui, Brenda, une femme mariée à un gars de l'usine, lui dit : "Tu ne vois pas la différence entre le bien et le mal." Ce à quoi il répond : "Non, je n'la vois pas. Et je n'veux pas, de plus, qu'on me l'apprenne." Arthur Seaton est un rebelle, un sauvage, "un beau salopard" selon son propre frère (...).