11/10/22

« "Journée nationale de la résilience" : vers un survivalisme d’État »

Article de Thierry Ribault, auteur de Contre la résilience, sur Lundi matin.

Le 13 octobre, la France fêtera pour la première fois sa « Journée nationale de la résilience ». Thierry Ribault, chercheur au CNRS et auteur de Contre la résilience, à Fukushima et ailleurs, nous délivre pour l’occasion quelques éléments de compréhension afin d’aborder cette notion, à la fois technologie de consentement et "arme d’adaptation massive".

La résilience est partout. De l’opée nationale, dont le rapport publié le 22 février 2022, deux jours avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, préconise un projet de loi « Engagemration Résilience lancée en mars 2020 contre l’épidémie de Covid-19, à la loi Climat et résilience de 2021, et à la mission parlementaire sur la résiliencent et résilience de la nation ». De l’exaltation du ministre des Armées Sébastien Lecornu à l’idée de faire des Français « un peuple résilient préparé à tous les risques », aux incantations de la Secrétaire d’État chargée de la Jeunesse, Sarah El Haïry, selon qui « le pays a intérêt à accompagner le renforcement de la résilience parmi la jeunesse » notamment par le « plein déploiement » du Service national universel. Des « journées de la culture du risque », un « événement ludique pour toute la famille » organisé à la mi-octobre à Rouen, trois ans après la catastrophe de Lubrizol, à la « Journée nationale de la résilience » prévue le 13 octobre prochain, ambitionnant de nous rendre « tous résilients face aux risques naturels et technologiques » et de « sensibiliser, informer et acculturer tous les citoyens aux risques qui les environnent, dans une logique d’exercices pratiques et dans l’objectif de contribuer à la préparation de tous aux bons réflexes en cas de survenance d’une catastrophe. »

Aveu d’impuissance face à des désastres considérés comme fatals, la résilience est fondamentalement un instrument de détournement : des causes des catastrophes vers leurs effets, de leur objectivité sociale vers la subjectivité de leur gestion et de leur perception, de la responsabilité des dirigeants vers celle des victimes (...).

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Thierry Ribault