« Je me muscle, donc je suis »
Recension de La Fabrique du muscle de Guillaume Vallet par Ismaël Houdassine dans Le Devoir.
Allez faire un tour dans les salles de sport. En début d’année, elles sont remplies de bonnes résolutions. D’ailleurs, l’envie de se sculpter une apparence d’Apollon (ou d’Athéna) est aujourd’hui devenue un phénomène de masse de plus en plus croissant. L’auteur de La fabrique du muscle, le sociologue français Guillaume Vallet, propose un éclairage fascinant sur la valorisation des biceps, soumis aux diktats d’un capitalisme sans limites.
Notre rapport au corps, « cette interface physique » entre un être humain et son environnement extérieur, a toujours été important dans toutes les civilisations humaines, rappelle, au téléphone, le spécialiste de l’histoire de la pensée économique et du corps. Durant l’Antiquité, les Grecs, et ensuite les Romains, valorisaient les aspects esthétiques à travers les performances physiques. « Puis, vers la seconde moitié du XIXe siècle, on voit apparaître les mouvements hygiénistes, qui encouragent à accorder une attention particulière au corps », raconte-t-il.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, le développement de l’individualisme, lié en Occident à la perte d’influence des grands idéaux et de la religion, pousse les individus à se construire eux-mêmes, raconte Vallet dans son ouvrage, qui signale au passage que la santé — ou l’apparence de la santé — devient une notion importante dans les sociétés. « Des normes de réussite sociale vont commencer à se répandre avec le message qu’une belle musculature est le reflet d’un succès financier et, pour les hommes, un avantage pour séduire les femmes. » (...).
Pour lire la suite : www.ledevoir.com/culture/777137/je-me-muscle-donc-je-suis