La poétesse surréaliste, critique littéraire, Annie Le Brun, n’aura décidément eu de cesse de nous surprendre, comme en témoigne la publication par les éditions L'échappée du recueil de textes « L’insistant désir de voir s’élargir l’horizon », quelques mois après sa mort. L’occasion de revenir sur le parcours atypique et la personnalité hors-norme de cette immense femme de lettres, qui refusait toutes les catégories.

Libre comme le vent « sur la mousse des nuages ou sur les ailes des oiseaux », marchant sur les « routes déployées » sans attache, Annie Le Brun, c’est une respiration, un grand bol d’air, une façon d’exister « en marge », loin des thuriféraires et idéocrates de la société officielle, des serviteurs serviles et de la bien-pensance… Sa disparition, en juillet dernier, a comme rétréci un peu plus l’horizon. Un livret réunissant un ensemble de ses entretiens – dont certains sont inédits – évoquant ses lectures, ses rencontres et retraçant en filigrane l’itinéraire intellectuel de la poétesse et critique littéraire, parait aux éditions de L’échappé. L’occasion de lui rendre hommage, une dernière fois.

Difficile de faire un portrait d’Annie Le Brun, tant elle était inclassable, assoiffée de liberté depuis toujours. Dès sa jeunesse, elle lutte contre le caractère doctrinaire et la pesanteur des milieux qu’elle fréquente – qu’ils soient bourgeois, marxistes, féministes et même au sein du surréalisme, courant qui lui sera si cher (certains surréalistes devenant les prisonniers d’un rôle à tenir). « L’inertie menaçante », le puritanisme, l’idéologie n’ont pas de patrie et peuvent resurgir, y compris dans les milieux dits révolutionnaires ou supposés progressistes. Toute sa vie, Annie Le Brun lutte contre l’hégémonie du conservatisme, l’enlaidissement du monde par la civilisation industrielle et critique la diffusion du capitalisme, vecteur d’injustice et de domination. Sa plume mordante, éclairée et empreinte d’un lyrisme flamboyant en fait une intellectuelle unique au sein de notre génération (...).

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