Pour le professeur de philosophie, auteur de La Séduction pornographique, il y a une promotion culturelle de la pornographie avec les «porn studies» qui sont en voie de normalisation.

LE FIGARO.- La consommation pornographique révèle-t-elle une brutalisation des rapports sociaux?

Romain ROSZAK. - Révèle ou provoque: vieille question, que les sceptiques de profession écartent un peu vite en arguant que dans les affaires humaines, on ne peut jamais isoler les facteurs à expliquer pour déterminer leur poids. Mais le problème posé par la pornographie n’est pas celui de la représentation. Elle n’est pas une collection d’images, mais plutôt une partie d’un dispositif plus général, défini par ses modalités d’accès, faciles et individuelles, par le silence bienveillant du législateur, et par les discours promotionnels qui définissent le sens de ces images (expressions d’un désir authentique, et redéfinition de la liberté comme extinction des jugements moraux, amenuisement des lois). Ce dispositif, contraignant, impose une certaine lecture du monde social en général, tour à tour purement contractuelle et indifférente à la souffrance de celles et ceux qui sont là pour me servir (...).

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