« Imagerie libérale »
Recension de La Photo numérique. Une forcé néolibérale par Pierre Thiesset dans La Décroissance (novembre).
L'humain connecté d'aujourd'hui, relié en permanence à cette véritable prothèse qu'est devenu son ordiphone, tourne de plus en plus son regard vers les écrans. Un flot d'images vient à lui. Contrairement à l'amateur éclairé de l'époque argentique, qui prend de rares photographie en soignant la composition et le cadrage, l'utilisateur de smartphone brandit son appareil pour enregistrer des masses d'images aberrantes et volatiles. Ces fichiers numériques qui s'accumulent par milliards sur les serveurs énergivores et s'échangent immédiatement sur les réseaux correspondent aux valeurs promues par le néolibéralisme : instantanéité, fluidité, ubiquité, accélération, horizontalité, disparition des limites entre le privé et le public... Cette frénésie de communication, cette circulation sans entraves d'une quantité exponentielle de données font le succès d'empires comme Facebook, et transforment profondément la condition humaine et le rapport au monde. [...]