06/12/22

« "Il est très improbable que la bétonite aiguë prenne fin" »

Entretien d'Anselm Jappe, auteur de Béton avec Eve Szeftel dans Libération.

Matériau symbole d’un capitalisme destructeur, le béton représente 8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Engagé contre son expansion effrénée, le philosophe défend les nouveaux activistes du climat et pourfend les COP. Mais il doute que l’on parvienne rapidement à «désarmer le béton».

Théoricien critique du capitalisme, le philosophe allemand Anselm Jappe n’a eu de cesse, depuis les Aventures de la marchandise jusqu’à la Société autophage, en passant par le remarqué Crédit à mort, écrit après la crise financière de 2008, de passer au crible un système économique qui transforme tout objet en «fétiche» et toute activité humaine en «travail abstrait». Et qui est largement responsable de la crise climatique. Après l’effondrement du pont Morandi à Gênes, en août 2018, il a choisi de s’intéresser dans le Béton, arme de construction massive du capitalisme (L’échappée, 2020), à ce matériau longtemps jugé inoffensif, et encore consensuel : en témoigne sa relative absence dans les débats de la dernière COP. Extraction massive de sable, construction en série de passoires thermiques, saccage des littoraux, stérilisation des sols : le béton armé, qui pèse lourd dans l’empreinte carbone du secteur de la construction (ce dernier cumule environ 40 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ou GES), a «transformé le bâtiment en marchandise», rendant la terre inhabitable. Celui qui enseigne l’esthétique à l’école des Beaux-Arts de Rome, et vit dans une maison en pierre près de Tours, appelle à désarmer le béton et à «défendre», aux côtés des nouveaux activistes du climat, «la beauté du monde, ou ce qui en (...).

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Anselm Jappe