19/09/18

« Il n’avait qu’un 35 mm, celui du regard humain, pas de flash, mais de l’amour. »

Une bien belle recension de Pogo par David Dufresne sur son blog davduf.net.

Durant quelques années, les meilleures, 1986-1991, Roland Cros s’est promené de squatts en salles de concerts, d’arrière-bars et festivals sauvages, un 24x36 en noir et blanc. Il n’avait qu’un 35 mm, celui du regard humain, pas de flash, mais de l’amour.

Roland Cros vient de publier certains de ses clichés, parmi les meilleurs, toujours justes, parfois flous, éblouissants d’humanité, tous, les uns après les autres.

Au fil des pages, on croise des têtes de morts (parfois, souvent, DCD pour de vrai), des perfectos, des bombers, les Bérus sont les rois de la fête, les pogos souvent incendiaires, parfois tristes et solitaires ; tout y est : la folie du rock alternatif, ce feu de paille qui a touché de grâce tous ceux qui l’ont approché. On y voit des garçons coquets, passant des heures devant des miroirs de coulisses ; des filles magnifiques, méfiantes et sauvages ; des dormeurs sous le vacarme, un Marsu (manager des Bérus, également préfacier) beau comme un Dieu, Pierre-Yves des Thugs, dont la basse voudrait scier un pilier de MJC.

Quelque part, il est écrit que ce moment suspendu fut celui de « l’apprentissage de la liberté, de la politique, de l’indépendance et de l’audace ». Ce que Cros ajoute, et qui nous avait probablement tous échappé, c’est la beauté.

La beauté des visages, des corps, la beauté de ces gestes inutiles, et qui nous ont bâti. Merci, mille fois, à lui.