« Homo confort : une critique acerbe de l’hyper-technologie qui a envahi notre quotidien »
Recension d'Homo confort de Stefano Boni par Concepcion Alvarez sur Novethic.
La quête effrénée du confort n’est pas sans conséquence. Dans son essai "Homo Confort"* publié au printemps dernier, l'anthropologue italien Stefano Boni explique que le coût d’une vie sans effort est environnemental et économique mais aussi sensuel et moral. Rupture avec la nature, appauvrissement des sens, pollution, perte de nos compétences, obésité, cancers… Toute la semaine, Novethic vous fait découvrir cinq livres à dévorer en cette rentrée 2022.
Après Homo Economicus, Homo sociologicus, Homo Consommatus, voici Homo Confort. Apparu entre la fin des années 50 et le début des années 60, il ne serait mu que par la recherche du moindre effort. C’est l’hypothèse défendue par l'anthropologue italien Stefano Boni dans son essai "Homo confort, le prix à payer d’une vie sans efforts et contraintes"* publié au printemps. "Le bien-être constitue la dimension expérientielle dominante qui a accompagné l’essor de l’humanité contemporaine" explique-t-il. "On aurait pu s’arrêter une fois tous les besoins essentiels comblés mais c’est impossible dans le système économique dominant. Le confort n’a aucune limite".
Télécommandes désormais agrémentées d’une commande vocale, escalators, trottinettes électriques, voiture, avion, … le seul effort auquel consent désormais Homo Confort est l’activité sportive maîtrisée pour se maintenir en forme et accéder à une forme de bien-être. La conséquence est une perte de nos cinq sens et notamment du toucher, qui se fait de plus en plus rare, de l’odorat, les mauvaises odeurs ayant été remplacées par des odeurs toxiques, et du goût avec une diversité gustative en chute libre. "Homo Confort a renoncé à la volonté de se réapproprier le pouvoir politique et a accepté son assujettissement en contrepartie d’une vie confortable" regrette Stefano Boni.
"Vivre avec moins de technologie équivaut en somme à mieux vivre"
Selon lui, l’insatisfaction est le principal moteur de cette course effrénée vers un confort qui n’a parfois plus de sens et qui reste toujours inatteignable pour une partie de la population. Elle est favorisée par la publicité ultra-présente, l’obsolescence programmée ou encore la consommation individuelle. "Derrière le confort lénifiant qu’ils nous procurent, les outils hyper-technologiques sont intrinsèquement liés à l’exploitation d’une main d’œuvre bon marché et à la soumission de la nature, au saccage et à la dévastation de l’environnement, à l’ignorance et à l’apathie, à la guerre et à la mort, à la mystification et au conformisme" plaide l’auteur.
Il appelle ainsi à réfléchir aux usages de la technologie et à supprimer par exemple les produits de luxe ou encore à restreindre la diversité des marchandises sur le marché. "La baisse du confort impliquera des désagréments, des efforts, de la fatigue et une certaine part d’incertitude, mais il me semble que l’amélioration de notre état de santé physique et mental, le développement de nos compétences, la cohésion sociale et la redistribution équitable du pouvoir sont à ce prix" croit Stefano Boni. "Vivre avec moins de technologue équivaut en somme à mieux vivre".
Si la critique de la modernité et de l’hyper-technologisation de nos sociétés est parfois critiquable par exemple sur les systèmes d’assainissement, sur les vaccins ou la médicalisation des accouchements qui ont permis d’éviter des milliers de morts, cet essai invite à la remise en question dans une période où nos modes de vie sont plus que jamais pointés du doigt à l’aune du changement climatique, des inégalités sociales et de la crise énergétique. Une lecture revigorante (...).
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