16/11/21

« Günther Anders et Hannah Arendt, ombres et lumières du totalitarisme. »

Recension de La Catacombe de Molussie par Thierry Guinhut sur son site littéraire.

Même s’ils ne furent mariés que pendant huit ans, de 1929 à 1937, Günther Anders et Hannah Arendt, outre lors germanité et leur judéité, partagent un souci commun à l’égard du totalitarisme, dont ils tentent de se prémunir, armés de leurs livres. Souci, angoisse, terreur, qu’ils vont sublimer en deux catharsis complémentaires aux moyens cependant différents. L’un mettra de nombreuses années à parachever son étrange roman concentrationnaire La Catacombe de Molussie, l’autre assistera au procès d’Eichmann à Jérusalem pour contribuer à ses œuvres fondamentales de philosophie politique. Si le livre de Günther Anders était jusque-là inédit en français, ceux de Hannah Arendt, d’une stature peut-être plus considérable, se voient acquérir une dignité supplémentaire avec la consécration que lui vient offrir un magnifique cahier de l’Herne. Ainsi le totalitarisme se fait ombres définitives pour les victimes et lumières de la littérature et de la philosophie, du moins pour ceux qui ont le bonheur d’y échapper.
Esprit tourmenté, Günther Anders (1902-1992), était jusque-là célèbre pour son Obsolescence de l’homme. Plus radicale encore est cette caverne du totalitarisme : La Catacombe de Molussie, achevée en 1938, mais dont il faut saluer ici la première traduction française.
« Un jour la Molussie sera renversée ». C’est en vertu de ce vœu pieux que se transmettent les enseignements et les histoires dans l’aveugle catacombe. Là sont rituellement jetés, enfermés, deux hommes, l’un âgé, l’autre plus jeune. Est-ce par un reste d’humanité ou par sadisme ultime que le régime molussien les associe par paire ? De façon à rire de leur vaine transmission, ou parce qu’il sait qu’il n’est pas éternel et que sa mémoire, fût-elle abjecte, subsistera ainsi. En effet, aussi étonnant que cela puisse paraître, lors de cette tyrannie qui semble ne pas devoir s’achever, c’est aux geôliers,  servants consciencieux de la terreur, que nous devons de lire ces conversations. [...]

Pour lire la suite de la recension : http://www.thierry-guinhut-litteratures.com/

Günther Anders