« Fréhel comme le cap »
Recension de Fréhel d'Alain et Nicole Lacombe par Philippe Bonnet dans Les Soirées de Paris.
Il y avait en ces temps-là, une grande démesure dans les soirées de Saint-Pétersbourg. C’était juste avant la Première Guerre mondiale. Dans ses peu nombreux souvenirs écrits, la chanteuse Fréhel qui se produisait sur la scène russe, s’était souvenue d’un grand homme de l’armée russe. Il venait voir sur scène une autre chanteuse, Germaine Fabiani. Il en avait fait son amante et cet homme « superbe de prestance et de force », ne supportait pas que les chefs d’orchestre pussent jouer autre chose que les textes interprétés par sa dulcinée. La violence qui exsudait de son visage, surtout lorsqu’il était ivre, invitait les chefs d’orchestre à s’incliner. Sauf un qui refusa. Et elle se souvenait encore de cet officier qui se leva alors dans un « uniforme de la garde, bleu avec un liseré rouge », elle revoyait l’éclair du sabre qui décapita d’un coup le récalcitrant devant le public interdit. Fréhel décrivait une ville tellement blasée des outrances, des drogues et des alcools qui circulaient en masse, qu’elle supposa que le chef des maîtres d’hôtel Nicolas Glass, s’était contenté de « faire figurer l’infortuné sur la note ». Marguerite Boulc’h dite Fréhel, n’avait pas encore trente ans et un itinéraire tout à fait hors normes.
Les éditions L’échappée viennent d’avoir la judicieuse idée de republier la biographie de Fréhel sortie pour la première fois en 1990 sous la plume de Nicole et Alain Lacombe. Avec sa couverture joliment Art Déco, ce texte très renseigné sur le personnage et son contexte, nous éclaire à la fois sur un personnage qui fut aussi connu que Maurice Chevalier, tourna aux côtés de Gabin dans Pépé le Moko, alors que tout la prédestinait à vivre très en dessous du seuil de pauvreté (...).
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