26/07/24

« Et gare à la revanche »

Recension de Présentation des haïdoucs de Panaït Istrati par Ernest London dans Le Monde Diplomatique.

Réunis autour d’un feu, dans la Grotte aux Ours du Vallon obscur, six Haïdoucs, six hors-la-loi, dont Florea Codrilor, la femme à la tête de leur petite troupe, racontent leur entrée en « Haïdoucie » : comment, révoltés contre un pouvoir arbitraire, ils ont rompu avec la société et rejoint la forêt « pour rencontrer la justice qui se sauvait de la ville ». Pour cette Présentation des Haïdoucs (1925), troisième volume de la tétralogie Les Récits d’Adrien Zograffi, l’écrivain d’origine roumaine et d’expression française Panaït Istrati (1884-1935) s’est inspiré de la tradition orale de son pays, en lui insufflant une grandeur d’épopée (1). Mais si ses personnages empruntent aux archétypes héroïques, ils demeurent profondément vivants et humains, chacun portant un récit singulier, tous étant traversés par les doutes, les contradictions, les passions. Face à la tyrannie, ils n’ont d’autre choix que de répondre par la violence à celle des puissants et de riposter par la vengeance. Que l’oppresseur soit turc, grec, roumain ou un proche parent, la seule action qui vaille, c’est la « rupture avec la loi qui protège ceux qui l’ont faite ». L’usage de mots roumains contribue à donner à cette veillée légendaire, qui trouve un remarquable écho dans les bois gravés de Valentin Le Campion, comme une touche exotique, créant une distance accueillante par rapport à des propos d’une grande radicalité, où, au fil des six histoires, s’articulent des points de vue antithétiques, renvoyant sans doute aux questionnements de l’auteur (...).

Pour lire la suite : www.monde-diplomatique.fr/2024/08/LONDON/67309