« Enfermé dans les machines, l’Occidental a abandonné ce qui faisait l’essence de sa vie »
Entretien avec Michel Blay, auteur de L'Ordre du technique, par Mélinée Le Priol dans La Croix.
Dans L’Ordre du technique, paru cet automne, le philosophe Michel Blay critique vigoureusement la société technicienne, en « guerre contre le vivant ». Il explique, entre autres, comment la conception chrétienne du vivant peut nourrir une critique de la technique et fournir des clés pour une réorientation radicale.
Comment définissez-vous «l’ordre du technique», qui donne son titre à votre dernier essai ?
Michel Blay : C’est aussi ce qu’on appelle la technocratie, autrement dit l’organisation sociale à partir de la technique. Cette organisation s’est mise en place progressivement depuis le XVIIsiècle, avec l’apparition d’une sorte de « caste » qui a développé son pouvoir en s’appuyant financièrement sur la bourgeoisie : les ingénieurs.
Aujourd’hui, en France, ce groupe n’est plus tant composé de polytechniciens, comme aux XIX et XX siècles, que d’énarques. Que ce soit pour la pandémie de Covid-19 ou pour la crise écologique, leur réponse à un problème consiste toujours à introduire une innovation technique plutôt qu’à interroger l’organisation sociale.
La technique ne résout-elle pas, de fait, certains problèmes ?
M. B. : Si l’on s’en tient aux exemples récents, je crains qu’on ne s’enlise au contraire dans une organisation sociale toujours plus surveillée, réduisant l’autonomie de chacun. A-t-on vraiment besoin d’une machine qui fasse semblant d’écrire à la manière des humains, tout en consommant une quantité électricité faramineuse ? (...).
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