« Emma Goldman : un soleil dans les ténèbres »
Recension de Vivre ma vie d'Emma Goldman par Fabrice Nicolino dans Charlie Hebdo.
Née en 1869 dans la Russie tsariste, Emma débarque à 16 ans aux États-Unis, seule, avec 5 dollars en poche. Elle va devenir, pour les flics américains, « la femme la plus dangereuse » du pays. Féministe, elle attaque le mariage, défend un droit à l'avortement qui n'existe pas. Déchue de sa nationalité, expulsée en 1919, elle arrive dans une Russie bolchevique que beaucoup admirent. Or elle est anarchiste, et va le prouver.
On l’aime. Emma Goldman, comme on va voir, paraît une femme d’aujourd’hui. Féministe, indépendante, polyamoureuse. Mais elle est aussi une figure éternelle. Celle de la révolte. Celle de la liberté. Date de naissance : 1869. Lieu de naissance : Kowno, ville alors polonaise de l’Empire russe, qui deviendra Kaunas, deuxième ville de Lituanie. La famille est juive orthodoxe, le père manie le fouet – elle le haïra –, la mère gifle Emma le jour où elle a ses règles, car, dit-elle, « quand une fille devient femme, c’est nécessaire pour la protéger du déshonneur ».
L’érotisme n’a pas déserté pour autant, et Emma utilise ce mot pour raconter ses premiers émois : avec le berger Petrushka, quand elle a 6 ans. À 15 ans, alors qu’elle travaille dans un atelier de corsets – la famille a déménagé à Saint-Pétersbourg –, elle fait l’amour avec « un beau jeune homme d’une vingtaine d’années ». Il lui fait mal, mais elle se sent autre, et le montre. Rompant avec le judaïsme, sa famille, son pays, elle embarque à 16 ans pour l’Amérique, que beaucoup en Europe voient comme la Mecque. Elle parle yiddish, allemand, russe et se retrouve à New York, seule, avec 5 dollars en poche et un petit bagage à main (...).
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