« Écologie : pourquoi les ingénieurs n'ont pas fini de "déserter" »
Recension de Lettre aux ingénieurs qui doutent d'Olivier Lefebvre par Gabrielle Trottmann dans Welcome to the Jungle.
Un peu plus d’un an après le discours des étudiants d’AgroParisTech appelant à « déserter », certaines universités ont pris des mesures pour introduire l'écologie dans leurs programmes. Mais de nombreux·euses étudiantes, étudiants et ancien·nes élèves considèrent que les formations et le marché de l’emploi sont encore loin d’être à la hauteur de l’urgence climatique.
Diplômé de la prestigieuse école des Mines de Paris, Grégoire « n’a pas déserté sur un coup de tête », en 2019. Lors de ses études, il s’est donné le temps d’explorer différentes perspectives professionnelles. Mais après un premier stage en Inde, dans le secteur de l’éolien, un autre dans un cabinet de conseil parisien « avec de vraies valeurs » et une expérience dans une petite association promouvant le développement de l’économie circulaire, il « ne se voit toujours pas devenir ingénieur ». Une fois son diplôme en poche, il part faire du woofing, avant de s’installer avec un collectif qui pratique la permaculture, dans le Lot. C’est de là qu’il témoigne, le pépiement des oiseaux en arrière-plan.
Les stages, un premier aperçu de l’« envers du décor »
« Dans l’éolien, j’avais l’impression de contribuer au greenwashing des grands groupes, qui continuent de produire des énergies fossiles et ne développent des énergies renouvelables qu’à la marge », détaille Grégoire, désormais âgé de 28 ans. « Je voyais aussi l’envers du décor : les mauvaises conditions de travail en Inde, l’appropriation des terres paysannes pour produire de l’électricité… » Dans ses deux autres stages, il se sent moins en contradiction avec ses valeurs, mais est dégoûté par « la quête permanente de subvention auprès d’entreprises pas forcément vertueuses. » Surtout, il se sent à l’étroit, dans un univers qui ne lui correspond pas : « je suis beaucoup plus heureux de vivre à la campagne et de produire de la nourriture. »
Grégoire a nourri la critique de la voie professionnelle qu’il avait choisie « en suivant les mouvements sociaux, en lisant, et en fréquentant d’autres personnes » qui se posent les même questions que lui concernant l’avenir, alors que les rapports du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) s’accumulent, sans entraîner de transformation sociétale majeure.
À l’école des Mines, il rejoint l’association « Ingénieurs engagés », avant de se tourner vers le mouvement Extinction Rebellion. En 2018, « la répression policière qui s’abat sur les zadistes de Notre-Dame-Des-Landes », opposés à la construction d’un aéroport sur des terres agricoles, lui fait l’effet d’un électrochoc. C’est là qu’il bascule d’une écologie « des petits gestes » - ne pas manger de viande, réduire ses trajets en avion - à une « critique plus radicale de notre système productif et politique» (....).
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