« L’écoféminisme invite à dépasser les dualismes »
Entretien de Jeanne Burgart Goutal, auteure d'Être écoféministe, par Tiphaine Guéret dans CQFD (n°200, juillet-août 2021).
Au sein des luttes pour la défense des terres, une constante : la présence massive de femmes. Et parmi elles, des écoféministes considérant qu’il existe un lien tangible entre domination patriarcale et accaparement des terres. Autrement dit : on n’aurait pas « affaire à des phénomènes sans aucun rapport, mais plutôt à deux aspects d’un seul et même système », comme l’explique Jeanne Burgart Goutal, philosophe et autrice d’Être écoféministe – Théories et pratiques, un bouquin paru en 2020 à L’Échappée.
Mot honni des féministes tant il a servi de prétexte à des millénaires d’aliénation des femmes, la notion de « nature » (au sens large) semble aujourd’hui s’offrir une virginité : « L’Amazonie, ma chatte, arrêtez de tout raser ! », peut-on lire sur certaines pancartes lors de manifestations écolos.
La défense de la nature – et par extension celle des terres – figure ainsi en bonne place à l’agenda de certaines féministes, à l’instar de celles qui ont tenu des barricades à Notre-Dame-des-Landes tout en fustigeant le sexisme de certains de leurs camarades de lutte. Ou d’autres ayant organisé un week-end en mixité choisie à Bure, notamment pour se réapproprier leur pouvoir d’agir face aux sbires de l’Andra [1]. Discrète ces dernières décennies, cette articulation des luttes ne date pourtant pas d’hier : Françoise d’Eaubonne, penseuse libertaire, théoricienne de l’écoféminisme et saboteuse de première classe défendait déjà vertement dans les années 1970 la nécessité de mener ces deux combats de front [2].
Cet apparent antagonisme de départ – défense des femmes, défense de la nature – apparaît donc soluble dans un certain féminisme. Et c’est pourquoi on a demandé à Jeanne Burgart Goutal de nous en dire plus, sachant qu’elle a largement défriché le sujet dans son livre Être écoféministe. Théories et pratiques.
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